RENCONTRES NATURALISTES 2024 3,4 et 5 mai 2024
Le vendredi, plusieurs communications ont eu lieu dans une salle de conférence mise à disposition par la mairie de Conches-en-Ouche. Durant ces rencontres, nous avons pris conscience de l’importance des documents écrits (bulletins, étiquettes, photos, articles) pour suivre et archiver des données, même en cas de disparition d’un échantillon. Des discussions techniques ont notamment porté sur la meilleure méthode d’écriture d’un numéro de référence sur un échantillon, tel que l’utilisation de blanco, d’encre, de vernis, de sacs zippés anti-acide ou de boîtes en carton. Il a également été souligné l’importance de la communication pour attirer de nouveaux membres et ainsi enrichir et rajeunir la communauté naturaliste.
Enzo Cordelier, Eric Buffetaut, Patrick Fourmont
C’est Patrick Briton (Pierre Conchoise, FFAMP) qui a ouvert la session en nous partageant 40 années d’histoire des membres de la Pierre Conchoise. Il nous a fait part des découvertes exceptionnelles telles que le biface cordiforme, le poignard du Grand Pressigny, les Théropodes, la faune jurassique de Lisieux, le Ptérosaure et le Lépidote. Il a également souligné l’importance des collaborations avec des experts qui ont transmis leurs méthodes et leurs exigences scientifiques, permettant ainsi la création du musée Trésors Géologiques de Normandie. Certains d’entre eux étaient présents dans la salle, comme M. Buffetaut et M. Tabouelle.
En détaillant l’histoire des collections archéologiques et paléontologiques du musée d’Elbeuf, Jérôme Tabouelle (FFSSN-SESNE-CTHS-RMM) a mis en lumière la conception et la croissance remarquables d’un musée qui tire profit de l’active Société d’Histoire Naturelle d’Elbeuf et de l’héritage des anciennes usines textiles de la région. Nous avons pu voir comment s’organise l’émergence d’un musée et l’importance des différents corps de métiers qui l’anime.
Enzo Cordelier (Université de Lille-SESNE) nous expose son travail de recherche sur les subfossiles de tortues du genre Cylindraspis de la collection du naturaliste Paul Carié. Sa recherche, toujours en cours, inclut des analyses protéomiques et histologiques de certains échantillons qu’il attendait encore. Il évoque le site de fouille, la mare aux songes de l’île Maurice, ainsi que l’impact des colons hollandais et anglais sur la disparition probable des tortues, à l’instar du Dodo. Enzo Cordelier aborde également ses hypothèses sur l’identification des individus retrouvés et les origines supposées de leurs morphologies, offrant une synthèse claire et une approche scientifique rigoureuse.
Eric Buffetaut, paléontologue et directeur de recherche honoraire au CNRS, spécialiste des archosaures fossiles et principalement des dinosaures et des ptérosaures, présente le destin des restes de vertébrés mésozoïques du Muséum du Havre récupérés après les bombardements de 1944. Des restes d’ichtyosaures, de sauroptérygiens et quelques thalattosuchiens dont il faut retrouver l’origine grâce à une enquête minutieuse de toutes les traces possibles : bulletins, articles…
Marie Bernadette Remaud présente une série de photos mettant en avant différents spécimens de mousses et de lichens croisés lors de ses sorties nature.
Emmanuel Cléré de la SASNMR expose l’enrichissement de la connaissance de la bryoflore de Normandie par l’intégration de 65 années d’observations bénévoles de René Guéry dans la base de données digitales du conservatoire de botanique. Ces données sont essentielles pour mieux comprendre cette période, notamment pour l’étude de familles peu explorées. C’est Benjamin Vincent, service civique, qui a été chargé de cette tâche. Il a épluché les carnets et saisi les observations en ligne. Il a également scanné et océrisé (passé d’un format image à un format texte qui facilite la recherche par mot clé) les bulletins du conservatoire de botanique. Emmanuel souligne qu’il existe un nouveau conservatoire de botanique, conséquence de la fusion de la haute et de la basse Normandie. Il signale une réussite : le rajeunissement des effectifs. Le site a permis la rencontre de jeunes naturalistes qui ont fait fonctionner leurs réseaux pour investir le domaine. Emmanuel nous invite à saisir nos observations pour améliorer les bases de données, en précisant qu’il faut un nom, une date, un lieu et une ou plusieurs photos de façon à ce que l’observation soit fiable.
Claude Chauvellier nous apprend tout sur « Le pénis des coléoptères ». Il nous enseigne comment extraire l’organe génital masculin (l’édéage) à l’aide de pinces et de crochets fabriqués à partir de trombones. Il nous montre de nombreux exemplaires, présentant une grande variété de formes et de tailles. Il nous explique que les édéages permettent de mieux identifier les espèces. L’ovopositeur est également utile, mais moins fréquemment utilisé. Il semble que les parties mâles évoluent plus rapidement.
Hervé Bouyon nous donne envie d’aller en Corse avec ses photos de Faune et flore corses.
Michel Joly nous sensibilise à la préservation des messicoles, des plantes qui ont suivi les cultures céréalières venues du croissant fertile et qui habitent nos champs depuis des millénaires. Ces plantes, souvent considérées comme des « mauvaises herbes » par l’agriculture moderne, sont pourtant essentielles pour préserver la biodiversité. Dans la vallée de l’Eure, on trouve cependant un microclimat et des terrains propices à ces plantes, comme des pentes crayeuses et des sols pauvres, où poussent des espèces rares et précieuses. Michel Joly met en avant l’importance de protéger ces espèces et souligne l’importance de sensibiliser le public pour les sauvegarder.
Le Samedi, nous nous rendons au Musée Trésors Géologiques de Normandie pour découvrir sa remarquable collection permanente sur la géologie de la région, ainsi que l’exposition temporaire sur les insectes. Cette exposition met en avant de superbes spécimens actuels et fossiles, en lien avec la conférence donnée par Patrick Fourmont sur « L’avènement des insectes ». En tant que Docteur en géologie appliquée, il nous offre un aperçu complet sur l’évolution des insectes, de leurs origines jusqu’à leur diversité actuelle et leurs potentiels usages futurs.
L’après-midi du samedi et le dimanche, Michel Joly nous fait découvrir la géologie (karst, failles et plissements dans le Lutétien, lecture de paysage) et la botanique de Chambray, d’Ezy-sur-Eure et à la chaussée d’Ivry. Nous découvrons plusieurs espèces rares de la vallée de l’Eure (Trinie glauque, Scorzonère d’Autriche…), très isolées ici mais plus fréquentes sur le pourtour méditerranéen et en altitude. Des espèces qui profitent du microclimat plus sec et des terrains pauvres pour former des populations stables. Nous profitons de l’ensemble des participants qui enrichissent la journée avec des découvertes entomologiques ou botanique.
JH